Éditorial

https://doi.org/10.30820/8245.18

Nous avons donné pour titre à ce feuillet « Mégadonnées et Psychothérapie ». Trois contributions en débattent : Dans le rapport du Congrès PSY, il est renvoyé à un exposé qui est approfondi dans une contribution dans la rubrique « Focus ».

Dans le dernier cahier, nous avons fait état de la psychothérapie via des moyens électroniques, c’est ainsi que s’ouvre désormais le champ de la psychothérapie assistée par ordinateur. À partir de toutes les informations possibles qui sont collectées à notre sujet sur Internet, les mégadonnées permettent de diagnostiquer également entre autres des maladies et d’établir des prévisions. Imaginez que l’ordinateur sait que vous avez un cancer bien avant que vous ne le sachiez vous-même ou que vous n'en ressentiez les symptômes. Et imaginez encore que votre assurance le sait bien avant vous. Il est également possible d'utiliser les données pour poser un diagnostic en cas de dysfonctionnements psychiques. Les diagnostics assistés par ordinateur sont recommandés aujourd'hui aux spécialistes de tout le secteur de la médecine. Par exemple, Dr Watson est connu aussi, c’est un ordinateur dans lequel vous pouvez saisir vos symptômes et qui vous établit alors le diagnostic correspond. Souvent, son diagnostic est meilleur que celui de votre médecin traitant. Mais, il se trompe aussi parfois. Il propose des mesures thérapeutiques, se base sur une médecine basée sur les faits et peut estimer votre observance thérapeutique. Cela étant, les données peuvent toutefois aussi être manipulées de différentes manières. Qui analyse les données sans que nous le sachions ? Que se passe-t-il avec et quelles sont les conséquences que nous devons supporter ? Qui peut et veut contrôler ce développement ? Un protecteur des données ? Il court en permanence après le développement.

Vous avez un compte Facebook ? Utiliser Instagram ? ResearchGate ? D'autres forums ? Com­muniquez sans sécurisation par e-mail ? Êtes-vous actif sur d'autres réseaux sociaux ? Vous utilisez Google, Yahoo et d’autres moteurs de recherche ? Vous achetez sur Amazon ? Votre smartphone peut être localisé par GPS ? – Ce sont tous des outils utiles, mais ils sont aussi source d’une énorme trace de données pouvant être évaluée sans que vous le sachiez.

Dirk Helbling, l’intervenant, a déclaré qu’il ne s’agit pas de diaboliser les mégadonnées ou de les apprécier, il s'agirait davantage d'en être conscients et d'en discuter, au lieu de présager et d’accepter tacitement.

Dans la rubrique « Débats », Marianne Roth évoque également le thème des mégadonnées, et a montré à quel point les infos (Fake News) sont aujourd'hui incertaines, comment le mensonge devient une habitude et à quel point cela peut nous influencer. Beaucoup de choses que nous pensons choisir nous-mêmes sont au fond pilotées de l’extérieur. Manœuvre personnalisée de l’extérieur.

Un autre sujet dans ce cahier s'applique au caractère scientifique. Il en est également question dans le rapport sur le Congrès PSY, puis dans la rubrique « Psychothérapie à l’international », dans laquelle une autre expertise du Conseil consultatif allemand scientifique Psychothérapie est abordée. Un résumé complet d’une allocution de Jens Gaab sur la recherche en psychothérapie et sur les placébos (là aussi des données sont fébrilement collectées et souvent aussi manipulées) jette une lumière particulière sur l’état actuel de la recherche.

Dans la rubrique « Actualités », vous trouverez quelques informations précieuses sur et autour de l’ASP et dans « Psychothérapie à l’international », vous pourrez lire aussi le rapport sur les activités dans la PEA.

Et comme d'habitude, vous trouverez aussi dans le cahier à la rubrique « On se demande » un entretien avec un membre de l’ASP.

À la rubrique « Savoir », vous trouverez une contribution spécialisée sur la médecine psychosomatique issue de la zone linguistique italienne. Antonio Malgaroli, professeur en psychiatrie et neurosciences à l’université San Raffaele à Milan et à l’université Università della Svizzera à Lugano, décrit les processus informationnels complexes présents dans le cerveau qui relient psyché et soma. Il considère la séparation entre les souffrances psychiques et somatiques comme étant complètement dépassée d’un point de vue holistique et neuroscientifique.

Trois critiques de livre et le calendrier des manifestations concluent le cahier.

Si l’une ou l’autre des contributions devaient vous encourager à vouloir également écrire quelque chose à ce sujet, la rubrique « Débats » est parfaitement adaptée à un discours.

Je vous souhaite une bonne lecture.

 

Peter Schulthess, Rédacteur en chef