Sandra Feroleto
https://doi.org/10.30820/2504-5199-2019-1-52
Pour la première fois depuis ma nomination au comité de l’ASP, en octobre dernier, j’ai le plaisir de vous adresser quelques lignes et je m’en réjouis. Marianne Roth ayant déjà rédigé une chaleureuse présentation, je me permets de ne pas ajouter ici au portrait qui a été fait de moi, mais d’évoquer mes motivations à nous représenter en Suisse romande. J’ai accepté de m’engager comme déléguée pour la Suisse romande au sein du comité ASP pour défendre des dossiers qui me semblent éminemment sensibles et importants.
En particulier, la problématique du travail sous délégation, qui ne cède toujours pas la place à un modèle de prescription. Cela va à l’encontre du niveau de professionnalisme de chacun d’entre nous. Et cela génère des effets délétères en cascade, notamment sur les patients enfants, qui se voient régulièrement prescrire une médication allopathique lourde, souvent malheureusement en lieu et place d’un accompagnement thérapeutique véritable, qui puisse se déployer sur un temps suffisant dont l’enfant a parfois besoin. Et ceci, parce que nombre d’entre nous refusent de travailler sous délégation, à juste titre car nous ne nécessitons pas qu’un tiers prenne la responsabilité de nos actes thérapeutiques, mais que nombre de psychiatres sont, dès lors, débordés et n’ont parfois que peu de temps pour leurs consultations …
Parmi les autres sources importantes de motivation qui m’ont conduite à accepter cet engagement, il y a la question de la visibilité de l’ASP au niveau romand. D’autres associations ont pignons sur rue, comme l’on dit en Romandie, alors que l’ASP reste, pour beaucoup, une association moins visible, moins accessible et surtout, germanophone. Cela me semble très dommage car l’ASP, précisément, par son histoire, ses critères passés d’admission, ses liens internationaux très ancrés, est une association qui a, de tout temps, défendu un grand professionnalisme. Mais aussi une vision d’un métier humaniste : la psychothérapie. Elle est la seule association suisse qui se positionne en ambassadrice de la psychothérapie, métier à part entière. Et par son engagement, sa visibilité, elle contribue à aider le grand public à s’y retrouver dans tous ce méli-mélo informe de « psy » auquel le citoyen lambda ne comprend souvent plus rien ! Parce que de toute évidence, prêter l’oreille à un discours de patient n’est tout simplement pas le même métier que celui de l’encadrer avec bienveillance pour le guider vers une transformation, par des outils thérapeutiques précis, éprouvés, dynamiques. Et c’est ce métier merveilleux que l’ASP défend : un accompagnement humain, sur base de parcours académiques et scientifiques pluriels, pouvant émerger de différentes disciplines, à partir desquelles on apprend le geste thérapeutique, celui d’accompagner l’Autre sur son chemin de développement.
A l’ère des accréditations des instituts de formation qui ont cours, et qui laissent planer de grands doutes sur l’avenir des structures formatrices, cette question centrale de l’Altérité, de la pluridisciplinarité, de la richesse d’une approche plurielle, est plus que jamais au cœur des débats et réflexions. Peut-on peu à peu réduire le métier de psychothérapeute à des pures techniques d’écoute et de conditionnement centrées sur les symptômes, ou notre société conservera-t-elle une place pour des démarches s’inscrivant dans la profondeur, nécessitant du temps, des outils d’accompagnement ? C’est l’avenir qui nous le dira, mais l’ASP sera là, aussi en Suisse romande, pour défendre une approche ouverte et intégrative !
Sandra Feroleto est membre du Cômité de l’ASP at responsable pour la Suisse Romande.