Entretien avec une membre de l’ASP : Mara Foppoli

à jour! Psychotherapie-Berufsentwicklung 8 (16) 2022 50–51

https://doi.org/10.30820/2504-5199-2022-2-50

Qu’est-ce qui vous a motivé à choisir la profession de psychothérapeute ?

Je crois que la première rencontre avec la philosophie et plus tard avec la psychologie chez le Prof. Zambelloni au lycée de Mendrisio ont été les premiers jalons qui ont marqué le chemin qui m’a mené là. Comme beaucoup d’adolescents, je ne savais pas clairement quelle voie j’emprunterai en pleine puberté. Plus tard, c’est la rencontre avec Paolo Quattrini et Paolo Baiocchi, tous deux directeurs d’une école de gestalt-thérapie, qui a concrétisé la voie et la spécialisation que j’ai choisie. Ce sont parfois d’heureuses rencontres qui nous permettent de comprendre notre voie, et je me considère comme très chanceuse de ce point de vue.

Quel a été votre parcours professionnel ?

Lorsque j’ai terminé mes études, j’ai eu la possibilité de devenir accompagnatrice spécialisée et je suis restée pendant ma période de stage d’apprentissage, pendant laquelle j’ai pu faire des recherches, accompagner des travaux de fin d’études et aider lors d’examens. Ce fut une période très intense. J’ai eu ensuite, grâce à mon travail de diplôme sur l’Empowerment, la possibilité de rejoindre une entreprise de conseil, et de là également le département du personnel d’entreprises multinationales. Cette expérience m’a permis de voyager dans toute l’Europe dans les domaines de la qualification, de la sélection et du coaching. Après environ dix ans, j’ai décidé de changer professionnellement et de fonder une école pour la pédagogie gestalt à Florence, avec le concours de Paolo Quattrini. J’ai pu mener à bien plusieurs stages dans des organismes de réhabilitation psychiatrique pour la jeunesse, services de conseil à la famille et à l’école de psychothérapie. J’ai fait une spécialisation supplémentaire en thérapie-gestalt par le jeu, où je suis également thérapeute, puis une spécialisation en thérapie traumatique en EMDR et PIR, et aussi un autre mastère dans les 12 méditations. Je suis ambassadrice de cette méthode. J’aimerais volontiers à l’avenir ouvrir une école de psychothérapie orientée gestalt à Lugano, et invite par conséquent les personnes intéressées à prendre contact avec moi.

Travaillez-vous en tant que psychothérapeute indépendante dans un cabinet privé et/ou travaillez-vous (éventuellement aussi) en tant que psychothérapeute déléguée ?

J’ai dès le début pratiqué en tant que psychothérapeute indépendante, parce que je crois que ceci peut être une voie qui permet aux psychothérapeutes de poursuivre leur développement personnel tout en restant en contact avec les méthodes et techniques innovantes. En outre, la généralisation de ce type de structures permet un large accès à la psychothérapie.

Y a-t-il, à côté de la psychothérapie, encore un autre métier que vous exercez ?

Oui, je suis aussi directrice de site d’une fondation d’aide aux enfants et à la jeunesse au niveau fédéral, dans laquelle je dirige quelques 20 conseillères et conseillers. Je crois que je peux, en tant que psychothérapeute, apporter une contribution active à la prévention primaire, secondaire et tertiaire, qui est fournie dans ce service.

En quoi êtes-vous spécialisée ?

Au cours du temps, je me suis spécialisée dans la traumatologie pour les adultes, les enfants et les adolescents. Je m’occupe de problèmes existentiels, de troubles de l’humeur, de troubles de la personnalité, de cas de deuils complexes, de troubles obsessionnels, de peur, de panique, de crises existentielles, d’addiction au jeu, d’addiction aux achats compulsifs, d’addiction aux réseaux sociaux, de dépressions post-partum, de phobies, de stress posttraumatique, de problèmes d’estime de soi, de soutien à la parenté et à l’adoption, de dépendances émotionnelles, d’abus, de dissociation, de troubles du comportement et de troubles du développement.

Êtes-vous satisfaite de votre situation professionnelle ?

Je consacre beaucoup de temps à la supervision et à ma formation, et je crois que cela me permet de garder ma curiosité intellectuelle à un haut niveau et la possibilité de pouvoir rencontrer sur mon chemin des choses nouvelles et excitantes, d’essayer de nouvelles méthodes et techniques sur moi-même pour pouvoir les proposer à mes patients et patientes. La gestalt part de l’expérience et la transforme ensuite en un phénomène, en ce que le sentiment de l’expérience devient le premier canal pour donner vie au développement de la conscience.

Y a-t-il quelque chose que vous aimeriez bien changer ?

Je souhaiterais que l’accès à la psychothérapie soit facilité, en particulier aux mineurs. Après la pandémie, de nombreux enfants ont ressenti des formes plus ou moins graves de mal-être et souvent aucun foyer chez leurs parents ni trouvé la possibilité de commencer l’intervention précoce. Ce serait bien de pouvoir proposer des places pour des cycles de thérapie à la génération Z, qui veille avec une telle sensibilité sur sa propre santé psychique, afin de pouvoir s’occuper d’eux au-delà de l’aspect économique.

Qu’attendez-vous de l’ASP ?

Ce serait bien de pouvoir proposer davantage de prestations pour ouvrir des salles de psychothérapie privées pour le conseil et le soutien. Les premières années sont vraiment difficiles, et il serait peut-être utile d’avoir une référence à ce sujet. Pas seulement pour les débutants et débutantes dans le métier, mais aussi pour tous ceux qui veulent ouvrir un cabinet psychothérapeutique. Il y a beaucoup d’aptitudes à apprendre, depuis la publicité en passant par la gestion économique jusqu’au savoir-faire dont on a besoin pour avoir du succès avec une telle entreprise, notamment dans le cas de cabinets communautaires ou de cabinets associés, qui sont de petites entreprises, que l’on doit apprendre à gérer de façon profitable.

Vous sentez-vous représentée et appréciée pour votre valeur au sein de l’ASP ?

Le positionnement décidé que l’ASP a adopté lors de la mise en œuvre du nouveau modèle de psychothérapie m’a plu, et aussi la communication des webinaires qu’elle organise. J’ai également considéré que la prise de conscience du rôle d’une association représentait un moment important.

Quel serait votre objectif si vous deviez siéger au comité ASP ?

J’aurais peut-être à cœur de promouvoir une culture de la santé psychique et de mettre en place des programmes de sensibilisation, concernant par exemple ce qu’il faut faire si un enfant remarque des pensées suicidaires ou si un enfant remarque qu’un de ses parents à des problèmes psychiques. J’ai l’impression que la société tend à cacher les problèmes au lieu de rechercher des solutions ou des psychothérapeutes professionnels.

Y a-t-il un projet dont vous aimeriez que l’ASP s’empare ?

Peut-être un projet de promotion de la santé psychique de jeunes gens avec la possibilité de faciliter l’accès à une psychothérapie soutenue et financée sur place par un réseau de spécialistes.

Quelle serait une situation souhaitable pour les psychothérapeutes dans l’environnement politique ?

Il serait souhaitable que la prise en charge des soins psychiques bénéficie d’un soutien équivalent à celui d’autres formes de soins de santé afin de surmonter la stigmatisation et la honte une fois pour toutes. Il me semble ici que les nouvelles générations sont effectivement davantage prêtes à aborder activement les problèmes de façon ouverte et sans hésitation.

Quelle est votre vision du quotidien professionnel ?

Je souhaite qu’il soit simple de trouver le bon professionnel pour ses propres problèmes, et qu’il n’y ait pas une seule orientation à bénéficier d’une promotion, mais que plusieurs orientations existent l’une à côté de l’autre. Plus grande fluidité et sensibilité : j’ai parfois l’impression que tout trouble pathologique est vécu comme un cauchemar sans fin. Je crois plutôt qu’il est possible de se remettre de sa pathologie grâce à une bonne psychothérapie. J’aimerais que cette expérience parmi mes collègues et que le temps avant et après la thérapie représente une transition évolutionnaire importante dans la vie d’une personne en direction du bien-être.

L’entretien a été mené par Peter Schulthess par écrit.

Mara Foppoli est psychothérapeute ASP, thérapeute EMDR, thérapie-gestalt et ambassadrice 12 méditations. Elle est membre de l’ASP depuis 2014 et travaille en tant que psychothérapeute indépendante.
Adresse de messagerie : marafoppoli@gmail.com