Nouvelles de la Suisse romande

Sandra Feroleto

à jour! Psychotherapie-Berufsentwicklung 9 (17) 2023 40–41

https://doi.org/10.30820/2504-5199-2023-1-40

Plusieurs mois se sont maintenant écoulés depuis notre reconnaissance comme prestataires de soins à part entière, remboursés par la LAMal. Nous avons pu nous réunir avec les membres romands sur la mise en œuvre de ce nouveau système, et cela a donné lieu à un échange très riche et bienveillant, où nous avons pu nous donner des astuces et orientations communes. Le sens même de notre Association réside dans ces moments collégiaux, où nous nous unissons autour de notre profession, de ses enjeux d’actualité, et qui nous permettent de nous enrichir mutuellement.

Nous voyons que les principaux questionnements tiennent à la difficulté de trouver des psychiatres prêts à jouer le rôle d’experts administratifs. À ce titre, il est bon de se rappeler que les pédopsychiatres peuvent aussi le faire, ainsi que les médecins spécialisés en psychosomatique. Cela dit, nous espérons sincèrement que le processus soit prochainement allégé pour répondre aux besoins de la population sans ces embûches administratives. D’autres questionnements ressortaient autour des rapports à rédiger dès 30 séances. Nous suggérons qu’ils restent succincts, et proportionnels … autrement dit, intégrant les éléments essentiels de l’anamnèse et biographie que l’on peut estimer être assez directement en rapport avec les problématiques rencontrées par la personne accompagnée. Enfin, nous avons pu rappeler que, contrairement à la physiothérapie, la prescription de psychothérapie n’est pas cantonnée à une année civile. Ainsi, une prescription pour 15 séances court d’une année sur l’autre, en poursuivant son décompte et ne doit pas faire l’objet d’une nouvelle prescription en début d’année. À priori, la demande d’un nouveau rapport, et du délai dans lequel il s’agira de le produire, devrait faire l’objet d’une indication claire de l’assurance lors de sa réponse au premier rapport des 30 séances. Quelques questions touchaient encore aux logiciels de facturation : une facture au bon format informatique intégrant les codes du tarif psy et indicateurs clés, des durées à la minute, ainsi que les données d’adresse, de prescripteur et du cabinet prestataire, pourrait en principe être acceptée par la plupart des assurances. Mais il semble que pour la Suisse romande, nous n’ayons pas vraiment de concurrents connus à la Caisse des médecins.

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D’autres opportunités se présentent à nous de créer ce socle commun, en continuant de développer notre philosophie ASP. Nous l’avons encore vécu grâce au débat tellement intéressant, avec un infirmier en psychiatrie et deux sages-femmes, dont une spécialiste de l’haptonomie, autour du film de Saint Omer, qui se centre sur un événement d’infanticide. Un moment peu léger et drôle, il faut l’admettre, mais tellement profond, qui nous a permis de mettre en perspective les enjeux de passages à l’acte, de psychose, de problématiques interculturelles, et d’interroger la maternité en elle-même, avec tous les invraisemblables bouleversements qu’elle génère. Ces débats cinéma, que je tente d’organiser en Romandie avec une certaine régularité, constituent autant de possibilités d’approfondir des questionnements que de nous réunir … j’espère de tout cœur vous retrouver nombreux autour des prochains.

Enfin, je me permets de rappeler ici tous les enjeux qui sont les nôtres en termes de nombre de membres, et la Romandie aurait des possibilités exponentielles de développement. Jouons tous le jeu solidaire en en parlant à nos collègues et proches pour tenter de stimuler quelques élans francophones à nous rejoindre, cela serait formidable.

Je n’ai pas eu le plaisir de croiser beaucoup de Romands à la dernière AG, mais elle a aussi permis d’évoquer notre vie associative, et de soulever quelques débats essentiels, dont celui de savoir s’il ne faudrait pas nous allier à la FSP d’une façon ou une autre ou encore celui des écritures genrées qui caractérisent nos publications officielles et que certains membres, manifestement plutôt isolés, ont remis en question. Nous étions nombreux, à l’issue de ces échanges quelque peu houleux, de constater avec soulagement que l’inclusion de chacun.x.e est une valeur essentielle qui nous tient à cœur et que bien que nos cerveaux volontiers réticents à toute innovation soient peut-être bousculés par quelque astérisque ou « x » ci et là, l’enjeu humain et social, de respect et intégration de toutes les personnes ne se reconnaissant pas ou plus dans une réalité normée en « Il » ou « Elle », prime sur ces considérations de style.

Lors de cette même AG, j’ai eu l’honneur d’être réélue comme déléguée pour la Suisse romande, et c’est avec plaisir et engagement que je continuerai de travailler au comité de l’ASP … pour vous, et à vos côtés j’espère ! Merci pour votre confiance.

Sandra Feroleto est membre du comité et déléguée pour la Suisse romande.