à jour! Psychotherapie-Berufsentwicklung 9 (17) 2023 54–55
https://doi.org/10.30820/2504-5199-2023-1-54
Qu’est-ce qui vous a motivé à choisir la profession de psychothérapeute ?
Je lisais déjà beaucoup lorsque j’étais enfant. J’ai par exemple été grandement inspiré par Albert Ellis, fondateur de l’institut Albert Ellis à New York. Nous savons de ce dernier qu’il était un enfant et un adolescent extrêmement timide. Aucun mot ne sortait de sa bouche lorsqu’il voulait s’exprimer devant un public. Sa peur de prendre la parole le privait de certaines possibilités. Il n’avait pas non plus de succès auprès du beau sexe, car il n’osait pas aborder les filles. Ellis souffrait énormément de ses peurs, il finit même par avoir peur de la peur. Il se replia sur lui-même, et commença à lire. Il étudia les écrits de Skinner et de Freud, Bouddha et Épicure, Marc Aurèle et d’autres philosophes et psychologues. Il s’enthousiasma pour l’idée de poursuivre son développement avec des idées philosophiques et des techniques psychologiques, de surmonter ses propres peurs et de mener une vie plus heureuse. Il a donc commencé à s’appliquer à lui-même des techniques telles que l’exposition et la désensibilisation.
Je peux bien me reconnaître dans cette histoire. Je n’avais cependant pas besoin de me recroqueviller pour lire. J’avais au contraire, notamment pendant mon service militaire, beaucoup de temps et de calme. Ce fut décisif.
Quel a été votre parcours professionnel ?
Après des études de bachelier à Fribourg-en-Brisgau, j’ai obtenu mon diplôme de master en psychologie clinique et neurosciences à l’université de Bâle. J’ai ensuite commencé parallèlement mon activité de deux ans à la clinique privée Sigma à Bad Säckingen, et la formation postgrade auprès de l’académie pour la thérapie du comportement et l’intégration des méthodes (Akademie für Verhaltenstherapie und Methodenintegration) à Zurich/Saint-Gall. J’ai travaillé pendant sept ans au NeuroZentrum Fluntern à Zurich en procédure de prescription, outre trois ans au cabinet UniqueTherapy à Rigiplatz.
Travaillez-vous dans le cadre du modèle de la prescription, décomptez-vous par le biais d’assurances complémentaires ou avez-vous des patients et patientes qui payent eux-mêmes et elles-mêmes ?
Depuis le 1er janvier 2023 je travaille en indépendant dans le cadre du modèle de la prescription. Le décompte via des assurances complémentaires pourrait venir s’y ajouter au cours des années.
Y a-t-il encore une autre activité que vous exercez en sus de la psychothérapie ?
En 2020, j’ai réalisé l’adaptation allemande du test de dépistage de démence Self-Administered Gerocognitive Examination (SAGE) en collaboration avec l’Ohio State University et le professeur Doug Scharre. Des projets similaires me plairaient également beaucoup à l’avenir.
Quelle est votre spécialisation ?
Le traitement de patients anxieux, dépressifs et chroniquement malades, en termes de diagnostic en premier lieu les patients souffrant d’ADHS, de troubles du spectre de l’autisme et de handicaps cognitifs de tous types, par exemple après traumatisme crânien ou consécutifs à des maladies démentielles. Mon premier succès thérapeutique a, pendant un stage dans un service ambulatoire dédié aux enfants et aux adolescents, été le traitement d’un jeune patient (diagnostic principal : encoprésie), dont le dégoût des poissons a pu être diminué en recourant à la thérapie d’exposition. Ce fut une belle expérience.
Vous sentez-vous satisfait de votre situation professionnelle ? Et si c’est le cas, y a-t-il tout de même quelque chose que vous aimeriez changer ?
Jusqu’à aujourd’hui, c’est avec plaisir que je me rends chaque jour au travail. Mais pour l’avenir, je souhaite surtout : davantage de temps pour lire ! Depuis que j’ai commencé à travailler il y a huit ans, je l’ai fait sans interruption à temps plein. Heureusement, c’est là une variable pouvant être modifiée, surtout dans notre métier.
Quelle vision avez-vous de votre travail au quotidien ?
Un échange plus nourri avec d’autres collègues, mais notamment aussi avec d’autres médecins spécialistes et des psychologues spécialisés. Je souhaite en outre une meilleure formation médicale de base des psychologues dès les études de base, au moins dans une grande partie des universités. Mes études de master comprenaient un cours tout à fait intéressant en psychopharmacologie, mais je ne pouvais pratiquement pas la mettre en relation des connaissances préalables comme l’enseigne correctement la psychologie pédagogique.
Cette interview a été menée par écrit par Veronica Defièbre.
Patrick Junker est membre de l’ASP depuis 2022. Il vit à Rieden AG et travaille comme psychothérapeute psychologique à Zurich.