Une meilleure mise en réseau des instituts privés de formation postgrade

Peter Schulthess

à jour! Psychotherapie-Berufsentwicklung 10 (19) 2024 42–43

https://doi.org/10.30820/2504-5199-2024-1-42

Le 30 octobre 2021, l’ASP avait organisé un congrès très apprécié sur le sujet « Les tendances d’académisation de la formation postgrade en psychothérapie » (cf. le rapport du congrès dans à jour ! 2-2021)1. Des prestataires de formation postgrade non-membres de la Charte ou de l’ASP avaient répondu présent. Même la FSP était représentée. Ce congrès a marqué une étape décisive vers une collaboration inter-associative. L’ASP a été reconnue comme organisant des congrès passionnants abordant des thèmes pertinents. Déjà à l’époque, des voix s’étaient élevées pour réclamer une meilleure mise en réseau des prestataires privés de formation postgrade afin de défendre au mieux leurs intérêts auprès de l’OFSP et de la PsyCo. La question avait été posée de savoir s’il fallait pour cela une association propre en tant que structure organisationnelle ou si un événement continu tel que ce congrès serait suffisant en tant que forum. Tout le monde s’était accordé pour dire qu’il fallait un récipient, une plateforme commune permettant aux organismes privés de formation postgrade d’échanger et d’être actifs.

Les instituts systémiques ont entretemps fait évoluer l’idée, laquelle fait désormais écho auprès de plusieurs instituts de la Charte, qu’ils soient anciens ou actuels. Ce qui m’interpelle, c’est le fait que d’anciens instituts de la Charte, qui avaient quitté la Charte après l’accréditation de leur cursus de formation postgrade en pensant qu’ils n’en auraient plus besoin maintenant qu’ils étaient accrédités, se mobilisent désormais pour créer une nouvelle association afin d’obtenir ensemble un poids politique plus important.

La fondation d’une nouvelle association est en pourparlers

Un projet de statuts pour la création d’une nouvelle association est donc désormais disponible :

Nom et siège

Sous le nom de l’association Verein privater Weiterbildungsanbieter (WBA), il existe une association au sens des articles 60 et suivants du Code civil suisse, dont le siège est à XY.

Finalité

L’association a pour but de promouvoir le poids politique des prestataires privés de formation postgrade dans le développement et la mise en œuvre de la loi sur les professions de la psychologie (LPsy), notamment de l’ordonnance fédérale sur l’accréditation, en ce qui concerne les normes de qualité de la Confédération ainsi que le processus d’accréditation et la représentation des instituts privés de formation postgrade dans les organes pertinents (PsyCo, groupes d’experts etc.). Les objectifs de l’association sont définis dans le programme d’activités.

L’association professionnelle Systemis a assumé un rôle de leader dans ce projet et entend se retirer de ce rôle après la création de la nouvelle association. Tous les prestataires d’un cursus de formation postgrade accrédité ont été contactés par courrier au cours du premier trimestre 2024 et invités à participer à l’assemblée de fondation tenue fin mai 2024. Il s’agit d’une part de fonder la nouvelle association, mais aussi d’examiner en parallèle dans quelle mesure les associations faîtières nationales (FSP, ASP et ici en particulier la Charte) peuvent soutenir la demande et assumer davantage la représentation des instituts de formation postgrade privés.

Appréciation

Je suis d’avis que cette initiative mérite le respect. C’est un fait : l’académisation de la formation postgrade en psychothérapie progresse, ce qui est également visible dans les nouveaux critères de qualité et les prescriptions structurelles dans le processus de ré-accréditation. Ces critères sont faits sur mesure pour les cursus de formation postgrade universitaires, principalement orientés vers la thérapie comportementale. Les groupes d’experts présentent avant tout des professeur(e)s d’universités nationales et internationales ou des personnes qui jouent un rôle prépondérant dans les cursus de formation postgrade universitaires. Les expert(e)s issu(e)s de la pratique privée sans lien universitaire ou les personnes issues d’organismes privés de formation postgrade sont pour ainsi dire inexistant(e)s. Compte tenu de leur lien à la recherche universitaire, les cursus universitaires ont un avantage considérable. Les cursus privés de formation postgrade ont du mal à participer à l’approche thérapeutique de recherche universitaire et sont dans l’incapacité, en tant qu’instituts individuels, de gérer leur propre appareil de recherche. Les universités favorisent leurs propres programmes et approches. À long terme, cela conduit à ce que les programmes proposés par les organismes privés de formation postgrade soient jugés comme peu étudiés (par des professeurs d’université qui sont engagés comme experts) et pourraient ne pas obtenir la ré-accréditation. À ma connaissance, aucun cursus universitaire n’a manqué sa ré-accréditation, au contraire de plusieurs programmes privés.

Il existe donc bien des raisons de renforcer l’influence des prestataires privés de formation postgrade face à l’OFSP, la PsyCo et les instances d’accréditation. Comme alternative à la création d’une nouvelle association, la Charte pourrait se charger de cette tâche. Elle a d’ailleurs été fondée à l’origine en tant que Conférence suisse des instituts de formation postgrade et des associations professionnelles. Affirmer qu’il n’y aurait aucun besoin d’agir puisque les offres privées de formations postgrade sont déjà suffisamment représentées au sein de la PsyCo est à mon avis une erreur.

L’OFSP continue souligner que la diversité des offres de formations continues lui tient à cœur. Les associations professionnelles nationales en font tout autant. Une meilleure représentation des prestataires privés de formation postgrade est nécessaire, que ce soit par une extension de la Charte existante ou par une nouvelle association. Une collaboration avec les associations faîtières nationales et une coopération avec les universités, par exemple dans le domaine de la recherche en psychothérapie, sont souhaitables. Madame le professeur Munsch, à l’époque présidente de la PsyCo, avait exprimé lors du congrès de l’ASP de 2021 qu’elle tenait à une telle collaboration et qu’elle était d’avis que les universités devaient effectuer des recherches indépendamment des écoles. C’est là un signe prometteur.

Peter Schulthess est ancien membre du comité de l’ASP et ancien président de la Charte suisse pour la psychothérapie. Il a été l’initiateur et le co-organisateur du congrès de l’ASP du 30 octobre 2021.