Sandra Feroleto
https://doi.org/10.30820/2504-5199-2019-2-47
La Suisse romande a connu une période estivale peu joyeuse sous les drapeaux de l’ASP, avec le refus d’accréditation des instituts genevois que nous accompagnions dans cette démarche dans le cadre de « ASP Integral » … Beaucoup d’arbitraire, de vision unilatérale qui vaut aux structures trop inventives, créatives ou innovantes de n’être pas assez comprises par les experts fédéraux en charge de cette responsabilité. C’est une grande déception pour toutes celles et ceux qui ont investi temps et argent dans une démarche aussi exigeante, pour n’aboutir qu’au droit de se retirer purement et simplement du champ de la formation des psychothérapeutes qu’ils préparaient, depuis des décennies pour certains, au beau métier que nous pratiquons.
Ce résultat laisse un arrière-goût désagréable à beaucoup d’entre nous, surtout lorsque nous parlons de méthodes éprouvées, qui ont toute leur reconnaissance internationale. Pour autant, l’ASP ne baisse pas les bras et n’a pas l’intention de simplement disparaître de la scène romande ou d’accepter que le champ de la psychothérapie soit réduit à outrance …
Heureusement, ce qui fait la vitalité de notre association, c’est vous, chers membres, qui restez fidèles à notre structure et y contribuez. Qui la nourrissez de vos parcours de vie et formation aussi diversifiés que riches, l’interview que j’ai réalisé d’Elisabeth Ansen Zeder en témoigne dans ce numéro.
Nous avons eu l’opportunité d’un partenariat avec le festival « Out of the box » autour du film Loulou qui traite de la schizophrénie. Nous sentons bien que plus que jamais artistes, politiques, tout public s’intéressent à la santé mentale et réalisent peu à peu l’importance de l’équilibre individuel dans une société collective qui doit retrouver une modalité de fonctionnement où chacun puisse trouver sa place, dans le respect de ce qu’il est.
Beaucoup de mutations sont en maturation chez certains, qui rêvent d’une société qui remette la santé au cœur de son approche. Non comme un axe de consommation qui génère des actes, dont le coût ne cesse d’augmenter, mais bien comme une denrée précieuse indispensable à chaque être vivant et que nous nous devons, collectivement, de préserver.
Aujourd’hui, un nouveau modèle de fonctionnement est annoncé par le Conseil fédéral pour la psychothérapie : enfin être reconnu pour notre niveau de qualification et professionnalisme et obtenir la responsabilité qui nous revient d’assurer pleinement l’accompagnement de personnes qui le nécessitent. Mais cette dernière s’associe immédiatement à des réductions de droits, des intensifications bureaucratiques qui laissent déjà redouter à beaucoup d’entre nous un travail supplémentaire totalement stérile … Faisons entendre notre voix dans ce temps de consultation et espérons que des décisions opportunes seront prises.
En parallèle de ces petits virages politiques, d’autres tentent d’interroger un modèle de soins qui a atteint ses limites, où les coûts ne seront amenés qu’à augmenter dans une perspective où toute personne représente, de fait, une possibilité de gain qui doit utilement faire de lui un malade … Les lobbys sont puissants et influents, et les acteurs du système de santé que nous sommes devraient les contrer avec plus d’engagement et de poigne probablement. Car notre mission commune doit résolument rester tournée vers l’essentiel : l’enfant, l’adolescent, l’adulte, le couple qui a besoin de nous pour trouver/retrouver un équilibre propice au bonheur.
Sandra Feroleto est membre du comité et déléguée pour la Suisse romande.