https://doi.org/10.30820/2504-5119-2020-1-70
Quels motifs vous ont motivé à choisir la profession de psychothérapeute ?
Je pense que tous les psychothérapeutes ont une fibre artistique qui aurait tout autant pu les amener à devenir musiciens, peintres, poètes ou quelque chose d’autre s’ils avaient approfondi cette voie – ou mieux : que nous aussi sommes un peu des âmes artistiques. J’éprouvais pour ma part en principe de l’amour pour la littérature et pourtant, mes études universitaires de la littérature italienne à Bologne m’ont décidé à emprunter une voie plutôt clinique. J’ai plus tard étudié la pédagogie à l’Université Catholique de Milan et ai ensuite poursuivi ma formation à l’École de psychothérapie cognitive à Côme. J’ai ensuite au cours des années emprunté divers chemins menant vers différentes orientations.
Comment voyez-vous votre arrière-plan et votre évolution professionnelle ?
J’ai commencé ma spécialisation en tant psychothérapeute immédiatement après mes études. J’ai suivi des formations continues dans différentes institutions du canton du Tessin et ai acquis en 2006 la qualification nécessaire pour ouvrir un cabinet (renouvelée une nouvelle fois en 2019). J’étais alors le plus jeune psychothérapeute ayant un cabinet dans le Tessin, et mes trois filles sont alors nées, dont la plus âgée … étudie maintenant la psychologie à l’Université de Zurich !
Travaillez-vous en tant que psychothérapeute indépendant dans un cabinet libre et/ou (le cas échéant en sus) en tant que psychothérapeute délégué ?
J’ai toujours travaillé en indépendant, avec un réseau de médecins et collègues qui m’ont envoyé des cas et auxquels j’ai moi-même envoyé d’autres patients, dans des cas de conflits d’intérêt, des temps de surcharge etc.
Y a-t-il encore une autre profession, une autre occupation que vous exercez en plus de la psychothérapie ?
La psychothérapie est mon activité principale, et j’écris des articles à côté : je tiens depuis de nombreuses années une colonne fixe dans le magazine Cooperazione et occasionnellement des consultations radiophoniques et télévisées.
Quelle spécialisation avez-vous choisi ?
Je travaille avec des adultes, rarement avec des adolescents et jamais avec des enfants ; parfois aussi avec des couples, mais qui se trouvent la plupart du temps dans des situations de crise existentielle liés à certains moments de la vie : divorce, licenciement, maladie, crise provisoire.
Êtes-vous satisfait de votre situation professionnelle ?
Je ne suis toujours pas aujourd’hui convaincu d’avoir choisi la meilleure et la plus excitante profession du monde. Mais quand je pense aux années passées, j’éprouve de nombreuses satisfactions professionnelles qui me réchauffent le cœur. Je sens parfois aussi la lourdeur des responsabilités que je porte et je ressens la préservation de tant d’histoires de vie et d’autant de secrets.
Souhaitez-vous que quelque chose soit différente ?
Au cours des années, j’ai aussi de plus en plus travaillé dans le cadre de situations collectives et extrascolaires afin d’alléger la charge de la solitude dont je parlais précédemment : je suis depuis une décennie actif dans la vie politique du canton et de la commune pour les Verts, et je tiens toutes les semaines des cours de littérature dans la Filanda di Mendrisio (tous les jeudis soir, la « Pagine vagabonde ») après avoir pendant des années tenu dans le canton des cours du soir pour les adultes sur différents sujets psychologiques.
Y a-t-il quelque chose que vous souhaitez de la part de votre association, l’ASP ?
Oui, des offres de formation continue. Je voudrais approfondir constamment ma formation continue, pouvoir écouter et lire d’autres psychothérapeutes, et me confronter avec l’évolution des études dans notre profession.
Vous sentez-vous représenté et honoré dans votre association professionnelle, l’ASP ?
C’est volontiers que je laisse à d’autres le soin de promouvoir et de protéger notre profession, et il me semble que cette tâche est très bien remplie.
Sur quoi mettriez-vous l’accent si vous faisiez partie du directoire de l’ASP ?
Je n’ai en ce moment pas le temps de m’engager activement dans ce domaine.
Y a-t-il une charge que vous aimeriez assumer au sein de l’ASP ?
Pas en ce moment, peut-être à l’avenir.
À quelle situation rêveriez-vous pour les psychothérapeutes dans l’environnement politique actuel ?
Je suis convaincu que le travail des psychothérapeutes devrait se voir accorder davantage de poids et d’autonomie.
Quelle vision avez-vous de votre quotidien professionnel ?
J’ai toujours eu une vision humaniste et spirituelle, en dehors de et au-delà de toute appartenance religieuse ou courant de pensée.
Claudia Crivelli Barella est psychothérapeute indépendante à Mendrisio et depuis 2006 membre de l’ASP.
L’interview a été mené par écrit et en italien par Nicola Gianinazzi et a été imprimé en traduction.